Dans les pays riches, 1 enfant sur 5 vit dans la pauvreté et 1 enfant sur 8 est confronté à l’insécurité alimentaire. Les pays riches rencontrent des difficultés pour répondre à leurs engagements envers les enfants.
1 enfant sur 5 dans les pays à haut revenu vit dans une pauvreté de revenu relative et 1 enfant sur 8 est confronté à l’insécurité alimentaire, selon le dernier Bilan publié par Innocenti, le centre de recherche de l’UNICEF.
Construire l’avenir : les enfants et les Objectifs de développement durables dans les pays riches est le premier rapport qui évalue la situation des enfants dans 41 pays à haut revenu de l’UE/OECD par rapport aux Objectifs de développement durables (ODD) identifiés comme les plus importants pour le bien-être des enfants. Le rapport classe les pays en fonction de leur performance et détaille les défis et les opportunités que les économies développées rencontrent dans la réalisation de leurs engagements pour les enfants.
Le Luxembourg occupe la 14e place, plaçant le pays dans le premier tiers.
« Le Bilan 14 rappelle que même dans les pays à haut revenu les progrès ne bénéficient pas à tous les enfants et que les écarts se creusent », a rappelé Sandra Visscher, la Directrice d’UNICEF-Luxembourg. « Des revenus plus élevés ne mènent pas automatiquement à de meilleurs résultats pour tous les enfants, et peuvent même creuser les inégalités. Le gouvernement doit agir pour réduire les écarts et atteindre les ODD pour les enfants. »
Les principaux résultats
Dans les pays riches, les principaux résultats sur une sélection d’indicateurs des ODD pour les enfants et les adolescents comprennent :
- Mettre fin à la pauvreté : En moyenne, 1 enfant sur 5 dans les pays à haut revenu vit dans une pauvreté de revenu relative, bien qu’il existe de grandes variations, de 1 enfant sur 10 au Danemark, en Islande et Norvège, et de 1 enfant sur 3 en Israël et en Roumanie.
- Eradiquer la faim et améliorer la nutrition : En moyenne, 1 enfant sur 8 dans les pays à haut revenu est confronté à l’insécurité alimentaire, et cela peut aller jusqu’à 1 sur 5 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, et même 1 enfant sur 3 pour le Mexique et la Turquie. L’obésité, qui est également une forme de malnutrition, progresse dans la majorité des pays.
- Garantir une bonne santé : La mortalité infantile a fortement baissé dans la plupart des pays ; les taux de suicide chez les adolescents, de natalité chez les adolescentes et d’ivresse ont diminué. Cependant, 1 adolescent sur 4 signale au moins deux problèmes de santé mentale plus d’une fois par semaine.
- Garantir une éducation de qualité : Même dans les pays les plus performants, comme le Japon et la Finlande, environ un cinquième des enfants de 15 ans ne possèdent pas le niveau de compétence minimum en lecture, mathématiques et science.
- Parvenir à l’égalité entre les sexes : 14% en moyenne des adultes interrogés dans 17 pays riches pensent que les garçons mériteraient un accès prioritaire aux études universitaires et dans la majorité de ces pays la croyance est plus forte chez les hommes.
Pour certains indicateurs – inégalité de revenu, obésité et problèmes de santé mentale auto-déclarés chez les adolescents – les tendances révèlent des sources d’inquiétude pour une majorité de pays riches, dont le Luxembourg. Dans 2 pays étudiés sur 3, les foyers avec enfants les plus pauvres sont maintenant situés plus loin derrière la médiane qu’en 2008. Le taux d’obésité chez les 11 à 15 ans et le taux d’adolescents qui signalent deux problèmes de santé mentale ou plus, et cela au minimum une fois par semaine, est en augmentation dans la majorité des pays.
Bien que beaucoup de pays soient en progrès sur plusieurs indicateurs, il existe toujours des écarts importants entre eux dans d’autres domaines. Les niveaux de revenu national ne suffisent pas à expliquer toutes ces différences : par exemple, la Slovénie est bien mieux classée que beaucoup de pays plus riches sur plusieurs indicateurs, alors que les Etats-Unis se situent en 37e position sur 41 dans le tableau récapitulatif.
Recommandations
A partir des résultats présentés dans le Bilan 14, l’UNICEF appelle les pays à haut revenu à prendre des mesures dans 5 domaines stratégiques :
- Mettre les enfants au cœur de progrès durables et équitables – Améliorer le bien-être de tous les enfants aujourd’hui est essentiel pour atteindre l’équité et la durabilité. Les politiques qui visent actuellement à réduire les écarts entre les enfants dans le domaine du bien-être se traduiront par une diminution des inégalités à l’âge adulte et contribueront au bien-être des futures générations d’enfants.
- Ne délaisser aucun enfant – Les moyennes nationales occultent souvent les inégalités extrêmes et les désavantages graves des groupes au bas de l’échelle. Les initiatives de collecte de données doivent s’efforcer d’être les plus inclusives possibles et de prêter attention aux enfants qui sont régulièrement oubliés ou n’apparaissent pas dans les statistiques officielles.
- Améliorer la collecte de données comparables – en particulier sur la violence à l’encontre des enfants, le développement de la petite enfance, les questions de migration et de genre.
- Utiliser les classements pour aider à adapter les réponses politiques aux contextes nationaux – Aucun pays ne réussit dans tous les indicateurs du bien-être des enfants et tous les pays rencontrent des problèmes pour réaliser au moins certains indicateurs ciblés sur les enfants. Ces classements doivent être considérés comme une invitation à engager des discussions nationales sur les mesures stratégiques à mettre en œuvre.
- Respecter l’engagement pour le développement durable – le cadre global des ODD engage tous les pays dans un effort mondial. Les pays à revenu élevé doivent rendre compte non seulement de leurs propres performances dans la réalisation de ces objectifs, mais aussi de leur engagement en faveur de la durabilité environnementale et de l’aide au développement.
Principaux résultats pour le Luxembourg
Dans le tableau de classement général, le Luxembourg occupe la 14e place parmi 41 pays de l’UE/OECD. Parmi les différents objectifs analysés, le Luxembourg obtient le meilleur résultat pour l’objectif « Une croissance économique soutenue et l’emploi » et le pire pour « Des villes sûres et durables ».
Objectif 1 : Eliminer la pauvreté
En moyenne, dans les pays à revenu élevé, 1 enfant sur 5 vit dans la pauvreté, mais il existe d’importantes disparités entre les pays : de un enfant sur dix au Danemark, en Islande et en Norvège à un sur trois en Israël et en Roumanie. Les transferts sociaux s’avèrent être des outils très efficaces pour réduire la pauvreté des enfants.
Au Luxembourg (19e place)
- 1 enfant sur 4 (25,4%) vit dans un ménage dont le revenu est inférieur à 60% du revenu médian.
- Les transferts sociaux réduisant le taux de pauvreté de 40%.
- Le Luxembourg enregistre un taux de pauvreté multidimensionnelle des enfants de 24%
Afin de mesurer cette pauvreté, l’UNICEF a mis au point un outil d’analyse de privations multiples. On parle de privation matérielle lorsque les enfants sont privés d’au moins 2 des éléments suivants : la nutrition, les vêtements, les ressources éducatives, les activités récréatives, l’intégration sociale, l’accès à l’information et la qualité du logement.
Objectif 2 : Eliminer la faim
L’insécurité alimentaire touche un enfant sur huit dans les pays à revenu élevé. Les taux sont extrêmement variables, allant jusqu’à un sur trois au Mexique et en Turquie. L’obésité, qui constitue également une forme de malnutrition, progresse dans la grande majorité des pays.
Au Luxembourg (12e place)
- 7,2 % d’enfants de moins de 15 ans vivent avec une personne indiquant connaître l’insécurité alimentaire.
- 1 enfant sur 7 – âgé de 11 à 14 ans- souffre de surpoids ou d’obésité.
Objectif 3 : Santé et bien être
Les taux de mortalité néonatale, de suicide et d’ébriété chez les adolescents et de natalité chez les adolescentes sont tous en recul dans les pays à revenu élevé. Dans la majorité des pays étudiés, on constate une augmentation des déclarations volontaires de troubles mentaux chez les adolescents.
Au Luxembourg (14e place)
- Le taux de mortalité infantile est de 1,8 décès pour 1.000.
- Le taux de suicide des adolescents âgés de 15 à 19 ans s’élève à 4 pour 100.000.
- 27,9% des adolescents âgés de 11 à 15 ans indiquent ressentir au moins deux symptômes psychologiques (déprime, irritabilité, nervosité et troubles du sommeil) plus d’une fois par semaine. Ce taux est supérieur à la moyenne, de plus le Luxembourg a connu une hausse notable.
- 5,3% des adolescents signalent avoir été ivres au cours du mois précédent. Ce taux est inférieur à la moyenne.
- Le taux de natalité de 5,7 pour 1000 adolescentes (15-19ans) se situe parmi les moins élevés.
Objectif 4 : Une éducation de qualité
La mesure des compétences de base en lecture, mathématiques et sciences révèle que même dans les pays les plus performants, un élève de 15 ans sur cinq n’atteint pas le niveau minimal d’aptitude.
Au Luxembourg (25e place)
- 34,8% des élèves de 15 ans ne maitrisent pas les compétences de base en lecture, mathématiques et sciences.
Objectif 5 : Egalité des sexes
Dans les pays à revenu élevé, environ une femme sur 16 indique avoir subi des abus sexuels de la part d’un adulte avant l’âge de 15 ans.
Au Luxembourg (pas de classement)
- 13% des femmes âgées de 18 à 29 ans déclarent avoir été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 15 ans.
Objectif 8 : Une croissance économique soutenue et l’emploi
Un jeune sur 13 est non scolarisé et sans emploi ni formation (NEET), et cette proportion est bien plus importante en Europe du Sud et en Amérique latine. Environ un enfant sur dix vit dans un foyer où aucun adulte n’a d’emploi.
Au Luxembourg (3e place)
- 2,4% des jeunes (15-19 ans) sont non scolarisés et sans emploi ni formation.
- 6% des enfants de moins de 18 ans vivent dans des ménages sans emploi.
Objectif 10 : Inégalités
Il subsiste des inégalités considérables dans les pays à revenu élevé. Dans deux tiers des pays, les 40 % des ménages avec enfants les plus pauvres gagnent moins que les 10 % les plus riches. Dans la plupart des pays, l’écart s’est encore creusé depuis 2008 entre les revenus des 10 % les plus pauvres de la population et le revenu médian.
Au Luxembourg (15e place)
- L’écart entre le revenu médian et celui des 10% des ménages avec enfants les plus pauvres est de 44,6%.
Objectif 11 : Des villes sûres et durables
Dans la moitié des pays à revenu élevé étudiés, les niveaux de qualité de l’air en milieu urbain ne respectent pas les seuils de sécurité fixés par l’Organisation mondiale de la Santé.
Au Luxembourg (31e place)
- Avec 13,2 microgrammes par m cube, le niveau moyen annuel de particules fines dans les villes est supérieur au seuil de sécurité de la qualité de l’air à 10 microgrammes par m cube, fixés par l’OMS.
Objectif 12 : Des modes de consommation et de production durables
Les jeunes des pays à revenu élevé sont majoritairement conscients des défis environnementaux d’aujourd’hui.
Au Luxembourg (28e place)
- 57,6% des jeunes de 15 ans sont capables d’identifier ou d’expliquer au moins 5 problèmes environnementaux.
Objectif 16 : Sociétés pacifiques et inclusives
Dans les pays ayant participé à l’enquête, au moins un enfant sur dix est régulièrement victime de harcèlement, et l’incidence est particulièrement élevée dans les États baltes.
En moyenne, une femme sur cinq indique avoir subi des violences physiques de la part d’un adulte avant l’âge de 15 ans.
Les taux d’homicide de mineurs sont bien plus élevés en Amérique qu’en Europe.
Au Luxembourg (19e place)
- 12,7% des enfants âgés de 11-15 ans indiquent avoir été victimes de harcèlement à l’école au moins 2 fois au cours du mois précédent.
- 34,9% des femmes (18-29 ans) indiquent avoir subi des violences physiques de la part d’un adulte avant l’âge de 15 ans (cheveux tirés, gifles, coups, coups de pied, passages à tabac, coups de couteau).
La médiane – De quoi s’agit-il ?
La médiane est un nombre qui divise en 2 parties la population telle que chaque partie contient le même nombre de valeurs.
Dans le rapport, le taux de pauvreté parmi les enfants est mesuré en pourcentage d’enfants vivant dans des ménages dont les revenus s’élèvent à moins de 60% du revenu médian.
L’Equité – De quoi s’agit-il ?
Le principe de l’équité implique que les politiques sociales promeuvent le progrès pour tous, tout en donnant une considération spéciale aux enfants les plus défavorisés.