Dans 38 des pays les plus riches du monde, plus de 57 millions d’enfants vivent dans la pauvreté monétaire. La pauvreté est un fléau pour leur enfance. Au Luxembourg, près d’un enfant sur 4 est menacé de pauvreté et d’exclusion sociale. Cela représente environ 30.000 d’enfants. La pauvreté est multidimensionnelle et elle affecte leur bien-être et leur développement, elle entrave l’effectivité de leurs droits fondamentaux et elle a une incidence durable et déterminante sur leur futur.
Le Luxembourg se classe au 35e rang sur 39 pays en matière de pauvreté monétaire des enfants dans les pays riches.
Le dernier Bilan Innocenti présente le tableau comparable le plus récent de la pauvreté des enfants dans les pays de l’OCDE/UE, y compris une analyse des tendances au cours de la dernière décennie et analyse les politiques gouvernementales de soutien aux revenus des familles avec enfants, et identifie des exemples prometteurs qui peuvent contribuer réduire la pauvreté infantile.
LA SITUATION AU LUXEMBOURG
Le Luxembourg fait partie des pays se trouvant dans le bas du classement du rapport. Près d’un enfant sur 4 est à risque de pauvreté au Luxembourg. Cela représente environ 30.000 d’enfants dont la vie est façonnée par cette pauvreté et des privations quotidiennes. Plus de la moitié d’entre eux (13,2%) sont en situation de pauvreté persistante (mesurée sur au moins 3 années consécutives d’enquêtes). Le taux de risque de pauvreté a augmenté de 3,7 % au cours de la dernière décennie. Il est également à noter que les enfants vivants dans des familles monoparentales sont nettement plus à risque de pauvreté.
UNICEF Luxembourg salue le fait que l’accord de coalition indique que “le bien-être des enfants et le soutien des familles, continueront à être placés au cœur de la politique gouvernementale”. Il doit cependant en être de même pour la lutte contre la pauvreté des enfants. Il est essentiel de garantir à tous les enfants des conditions de vie dignes et respectueuses de l’ensemble de leurs droits. Le Comité des droits de l’enfant avait déjà recommandé au Luxembourg, lors de son dernier examen du pays en 2021, de renouveler son engagement à mettre fin à la pauvreté des enfants, notamment en adoptant un plan d’action national et en s’attaquant aux causes profondes de celle-ci.
UNICEF Luxembourg recommande de :
- Rappeler que la lutte contre la pauvreté des enfants est une obligation légale imposée au gouvernement qui doit rendre des comptes sur les actions mises en place (par exemple voir les articles suivants de la Convention internationale des droits de l’enfant : 2, 3, 4, 6, 12, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 27, 28, 29)
- Mettre explicitement la lutte contre la pauvreté des enfants au cœur des priorités du gouvernement, avec une approche transversale, les enfants étant des individus à part entière avec des besoins spécifiques et leur intérêt supérieur devant être une considération primordiale pour les autorités.
- S’inspirer des politiques ambitieuses mises en place dans d’autres pays comme la Nouvelle Zélande (Child Poverty Reduction Act) ou la France (le tout récent “Pacte des solidarités” qui prend en compte la question de la pauvreté infantile).
- Mettre en oeuvre et suivre regulièrement le plan d’action national de la garantie européenne pour l’enfance, veiller à consulter les différentes parties prenantes y compris les enfants. Poursuivre le travail concernant la mise en place d’un ensemble d’indicateurs de haute qualité pour assurer sa mise en oeuvre, son suivi et son évaluation.
- Assurer que l’éducation formelle et non formelle puisse jouer un rôle d’ascenseur social pour briser le cercle vicieux de la pauvreté.
- Réaliser rapidement la simplification administrative annoncée dans l’accord de coalition dont la mise en place d’un Guichet social. Mettre en place des dispositifs pour s’assurer que les ménages à risque de pauvreté recourent effectivement à l’ensemble des aides existantes.
- Accélérer les mesures gouvernementales annoncées pour la construction et les locations de « logements abordables » et encourager la gestion locative sociale. Apporter un soutien financier plus important aux organisations s’occupant de cette gestion locative sociale.
- Tenant compte du fait que les familles monoparentales sont les plus touchées par le risque de pauvreté, revoir immédiatement la fiscalité s’appliquant aux familles monoparentales afin de prévoir un système d’imposition plus juste.
- Réaliser une indexation régulière de l’ensemble des aides sociales, dont les allocations familiales, et revoir à la hausse le barème d’éligibilité pour ces aides.
- Produire des statistiques régulières, diverses et ventilées pour fournir une représentation plus exhaustive de la situation du bien-être des enfants
- Intégrer les voix des enfants aux processus de recueil de données et encourager leur participation dans les débats concernant leurs droits et leur bien-être.
- Rendre concrets les engagements pris dans l’accord de coalition concernant le PIBien-être.