Deux interviews avec Adnan en deux ans
Nous avons eu la chance de rencontrer Adnan, sa soeur, son petit frère, ainsi que ses parents en octobre 2015, dans le cadre de nos actions autour de la Journée internationale des droits de l’enfant. Il venait d’arriver au Luxembourg et nous racontait son histoire.
Deux ans plus tard, Adnan nous a permis une interview pour retracer le parcours de sa fuite, ainsi que de nous parler de son quotidien au Luxembourg.
A propos d’Adnan
Adnan a 18 ans. Il a encore un frère de 12 ans et une soeur de 17 ans. Provenant de la ville d’Afrin, située dans le gouvernorat d’Alep dans le nord-ouest de la Syrie, il est arrivé avec sa famille à Luxembourg en mai 2015. Il adore l’école et est actuellement élève au Lycée Technique du Centre à Limpertsberg.
Adnan, quand as-tu quitté la Syrie et quel a été ton trajet ?
J’ai quitté la Syrie en juin 2013 avec ma mère, ma soeur et mon frère (mon père était déjà sorti). D’abord, on devait sortir d’Alep et aller vers Afrin, et c’était difficile car Afrin était dans l’état de siège, alors c’était difficile d’y entrer et spécialement comme on est kurde. Ensuite, on a essayé de franchir la frontière entre la Syrie et la Turquie, mais vu qu’on voulait les traverser illégalement, car la situation ne le permettait pas à l’époque, alors on a eu des difficultés. Après avoir passé deux ans en Turquie à Islahiye (ville frontalière) et après avoir eu plusieurs entretiens avec l’UNHCR, nous avons eu de la chance d’être acceptés pour venir au Luxembourg en mai 2015.
Est-ce que ta famille a reçu de l’aide de l’UNICEF ou d’une autre organisation en Syrie ou en Turquie ?
Quand nous étions à l’école en Turquie, nous avons reçu des papeteries de l’école avec le nom UNICEF sur les sacs, classeurs, cahiers et les stylos, donc, on a compris qu’ils viennent de l’UNICEF. Nous avons aussi reçu de l’aide par l’UNHCR pour venir au Luxembourg.
Te souviens-tu encore de votre arrivée au Luxembourg ? Quelles ont été tes premières impressions ?
Je me rappelle bien de la journée de notre arrivée au Luxembourg. J’étais étonné quand j’ai vu que la Ministre de la famille était en train de nous attendre pour nous accueillir, car j’étais habitué qu’on n’a pas le droit de voir des ministres. En plus, tout était nouveau pour moi, les gens, la façon dont ils parlent, les maisons, les rues, même les arbres étaient différents. Je ne savais pas où regarder, je ne réalisais pas si je rêvais ou si c’était réel.
Aujourd’hui, comment se passe ta journée ?
Normalement, je suis à l’école et quand je termine, je rentre chez moi et je me repose un peu. Puis je commence à faire mes devoirs et réviser ce qu’on a fait à l’école. Pendant l’été, je travaille à la commune, et je vais au gym pour faire un peu du sport. Le soir, je lis un livre en français pour améliorer ma langue française. Les week-ends je sors avec mes amis.
Peux-tu nous décrire ton parcours scolaire au Luxembourg ?
Premièrement, j’étais dans la classe de CLIJA (une classe d’accueil pour les élèves qui ont plus de 18 ans) pendant les deux derniers mois de l’année scolaire 2014/2015. Puis, j’étais dans la classe de CLIJA de septembre jusqu’à novembre de l’année scolaire 2015/2016, et de novembre jusqu’à la fin de l’année scolaire, j’étais dans la classe de 8e TEF (Technique francophone). L’année d’après, j’étais dans la classe de 9e TEF. Pour la rentrée en septembre, je suis admis à la classe de 4e BI (baccalauréat international), qui est un régime classique.
Est-ce que tu aimes aller à l’école ?
Oui, j’aime beaucoup aller à l’école, car notre but de venir au Luxembourg est de continuer nos études et faire les études supérieures.
Comment les autres élèves t’ont accueilli ?
Les autres élèves étaient très gentils avec moi, et j’ai connu un élève en classe de CLIJA qui est syrien aussi, alors on est des amis jusqu’à maintenant, mais j’ai fait connaissance avec des autres aussi en classe de 8e, et on se voit souvent en dehors de l’école.
Est-ce que tu as eu des problèmes pour t’intégrer ?
Non, je n’ai pas eu des problèmes, car j’ai appris vite le français, qui est essentiel pour s’intégrer. Le seul problème est que je n’ai pas des amis luxembourgeois, parce que je ne parle pas le luxembourgeois, et aussi je n’étais jamais dans une classe pour les luxembourgeois, alors c’est la seule chose qui me rend triste.
Qu’est-ce que tu veux devenir après tes études ?
Mon rêve est de devenir médecin, alors je fais mon mieux pour réaliser ce rêve.