Dans le cadre de la campagne KANNERLIICHT UNICEF-Luxembourg a lancé le rapport « Mettre fin à la violence à l’égard des enfants. Le rapport expose les différentes formes de violence, présente un aperçu international et national et donne la parole à des experts actifs sur le territoire luxembourgeois : M.Schlechter, président de l’Ombudscomité pour les droits de l’enfant, Dr.Seligman, Président de l’Alupse et Mme Verdier, psychologue pour enfants.
Rappelant que tous les enfants ont droit à une vie sans violence, le rapport donne une voix aux enfants victimes de la violence, rendant ainsi visible ce qui reste trop souvent invisible et propose des recommandations pour prévenir et réduire la violence contre les enfants au Luxembourg.
Les différentes formes de violence
La violence interpersonnelle prend de nombreuses formes – physique, sexuelle et émotionnelle – et a lieu dans de nombreux contextes, notamment le foyer, l’école, la communauté et sur Internet. De même, les auteurs de violences contre les enfants sont très variés. Ils peuvent être des membres de la famille, des partenaires intimes, des enseignants, des voisins, des inconnus ou même d’autres enfants.
Un problème mondial…
- Dans le monde, toutes les 5 minutes, un enfant meurt à cause de la violence.
- 1 victime d’homicides sur 5 dans le monde est un enfant/adolescent de moins de 20 ans.
- Dans le monde, environ 6 enfants sur 10 (soit près d’un milliard) sont assujettis à une forme de mesure disciplinaire violente à la maison.
- En Europe et Amérique du Nord, environ 1 adolescent sur 3, âgé de 11 à 15 ans, a admis avoir intimidé d’autres élèves à l’école de leur âge au moins une fois au cours des derniers mois.
- 1 fille sur 4 entre 15 et 19 ans dans le monde signale avoir été victime de violence physique.
- En Europe, 18 millions d’enfants souffrent d’abus sexuels, 44 millions de violences physiques et 55 millions d’abus psychologiques.
…et national
Bien qu’au Grand-Duché, les châtiments corporels, ainsi que la violence sexuelle et les traitements inhumains et dégradants à l’encontre des enfants sont prohibés par la loi depuis 2008, la violence demeure présente dans le quotidien des enfants.
Ainsi, au Luxembourg, 34% des jeunes âgés de 11 ans ont été impliqués dans une bagarre au moins une fois au cours du dernier an.
Au cours de l’année 2015, la Police Grand-Ducale a procédé à 802 interventions en matière de violence domestique. Lors de ces interventions policières, 168 victimes ont été mineures, ce qui représente une augmentation substantielle de 36,58 % par rapport à 2014.
En 2014, 15% des femmes indiquent avoir subi une forme de violence sexuelle perpétré par un adulte avant l’âge de 15 ans.
L’impact de la violence
Les effets des actes de violence sur les enfants peuvent varier selon leur nature et leur gravité, mais les répercussions à court et à long terme sont très souvent graves. Dans les cas les plus graves, la violence peut causer la mort, mais elle peut également avoir un effet négatif sur le développement du cerveau, ainsi que des effets néfastes sur la santé, le comportement et l’apprentissage, affectant par-là la réussite scolaire.
La violence peut également entraîner une plus grande prédisposition à des troubles psychologiques, comme la dépression et des comportements dangereux comme l’abus de substances.
De plus les enfants victimes d’actes de violence sont plus susceptibles de devenir eux-mêmes des auteurs de violence plus tard dans la vie.
Un phénomène caché
Souvent les actes de violence sont passés sous le silence et les chiffrer précisément est un exercice qui relève de l’impossible. Il existe de nombreuses raisons qui rendent la violence invisible, comme par exemple :
- Les jeunes enfants ne sont pas capables de signaler les violences qu’ils subissent.
- Les enfants ne dénoncent pas la violence par peur de représailles.
- Un adulte qui est témoin de violence envers un enfant reste silencieux.
Recommandations contre la violence au Luxembourg
Recommandations générales
- Adopter un cadre national de coordination pour combattre toutes les formes de celle-ci, y compris sur Internet.
- Identifier des moyens d’écouter les enfants et de les impliquer dans le rôle de la violence dans leur vie et dans ce qui peut être fait pour y remédier
- Finaliser la réforme de la loi relative à la protection de la jeunesse.
Effectuer des collectes de données et des recherches
Tout d’abord il est essentiel d’instaurer une définition commune de la violence. Il faut également savoir où elle a lieu, sous quelles formes et quels groupes d’âge et communautés d’enfants sont les plus affectés, pour concevoir des stratégies d’intervention et définir des cibles chiffrées et limitées dans le temps pour suivre les progrès réalisés.
Le renforcement de la quantité et de la qualité de la recherche et de l’analyse est crucial pour la réussite des stratégies et interventions de lutte contre la violence.
- Mettre en place à l’échelon national un système cohérent de recueil, d’enregistrement et de centralisation de données.
Appuyer les parents et les familles
Un solide ensemble de preuves suggère que fournir aux parents des stratégies et techniques d’éducation des enfants peut permettre de lutter contre divers facteurs de risques individuels et familiaux. La participation précoce des parents à des programmes individuels sur le rôle de parent ou des programmes parent-enfant et la sensibilisation aux bonnes pratiques d’éducation des enfants et au développement de la petite enfance permettent une nette réduction des cas de maltraitance physique des enfants et de la manifestation de comportements agressifs chez les enfants lors de leur passage à l’adolescence.
- Plus de ressources humaines pour prendre en charge le suivi à long terme des familles à risque ( 3-5% des femmes enceintes ).
Aider les enfants et les adolescents à gérer les risques et les difficultés
Pour réduire les violences dans les écoles et les communautés, il est essentiel d’apporter aux enfants et aux adolescents les compétences nécessaires pour surmonter et gérer les risques et les difficultés sans recourir à la violence et pour demander un soutien adéquat en cas de violence.
- Educateur obligatoire dans les écoles fondamentales.
- Encourager des synergies au niveau de chaque école/lycée avec les acteurs de la vie sociale et de la police pour assurer des formations régulières de prévention de la violence (y compris de cyber-harcèlement) et donner les moyens aux acteurs pour ce faire.
- Former les enfants dès le plus jeune âge à la gestion des conflits, à la médiation entre élèves, encourager les enfants à devenir ambassadeurs de leur classe, de leur école et les rendre ainsi acteurs.
Changer les attitudes et les normes sociales qui encouragent la violence et la discrimination
Le changement des attitudes et normes sociales qui cachent la violence sous nos yeux est le moyen le plus sûr d’empêcher la violence d’avoir lieu.
- L’apprentissage dès la maternelle de compétences transversales comme le partage des émotions, le respect, l’empathie et l’estime de soi.
Promouvoir et fournir des services d’appui pour les enfants
De multiples efforts sont actuellement entrepris, cependant en l’absence de structures bien définies et suffisamment dotées en personnel, il y a un risque de prester un mauvais travail.
- Mise en place d’un service social national, travaillant tous les jours de l’année et disposant d’une équipe spécialisée pour les enfants.
- Création d’une « maison de l’enfant » , réunissant en un lieu toutes les activités nécessaires pour le diagnostic et le traitement d’enfants victimes et témoins de violence.